La température des couleurs

Complexité de la perception des couleurs

Dans l’exploration du cercle chromatique et de la théorie des couleurs, plusieurs concepts mettent rapidement en lumière la complexité de la perception. La subjectivité de cette dernière se manifeste notamment dans le placement de la frontière entre les couleurs bleue et verte, variant d’une personne à l’autre. De plus, la perception des couleurs est intrinsèquement liée à des facteurs culturels, temporels et géographiques, comme l’approfondissent les ouvrages éclairants de Michel Pastoureau sur l’évolution des conceptions chromatiques à travers l’Histoire.
Cependant, malgré cette subjectivité, l’établissement de conventions demeure nécessaire pour faciliter les échanges. Dans l’exploration des palettes limitées en particulier, en mettant l’accent sur les palettes impliquant les doubles primaires, la compréhension du concept de « température d’une couleur » s’avère cruciale.


Principes théoriques de la température d’une couleur

La température d’une couleur, bien que principalement subjective, peut être théoriquement définie. En considérant un cercle chromatique, une convention largement acceptée stipule que les rouges et les oranges sont généralement qualifiés de « couleurs chaudes », tandis que les verts et les bleus sont désignés comme « couleurs froides ». Selon cette théorie, plus on s’éloigne de la couleur perçue comme la plus chaude, plus on se dirige vers une gamme de couleurs froides, et vice versa.


Pour faciliter la discussion, il est utile d’adopter quelques conventions :

  • Le cercle chromatique peut être divisé en deux hémisphères, l’un chaud et l’autre froid.
  • On peut considérer que le rouge-orangé est la couleur la plus chaude, et le bleu-vert, turquoise ou cyan, situé à l’opposé du cercle, serait alors la couleur la plus froide.
  • Plus on s’éloigne de l’orangé, vers le haut ou le bas du cercle, plus la couleur se “refroidit”.
  • Plus on s’éloigne du cyan, plus la couleur se “réchauffe”.

Contraste chaud-froid dans la peinture

Ce contraste entre chaud et froid revêt une importance majeure dans la peinture, notamment lorsqu’on aborde la représentation des plans dans une image. Les objets situés dans le lointain, comme des collines, peuvent paraître plus froids, voire bleutés, en raison des couches d’air interposées entre l’observateur et l’objet en question. Cette impression de couleur plus froide suggère une distance.
La température des couleurs joue ainsi un rôle clé pour créer une sensation de profondeur et de distance. Un principe bien établi en peinture de paysage stipule que les objets lointains prennent une teinte plus froide, donnant l’illusion de l’éloignement. L’air ambiant influe sur notre perception, faisant des objets froids un signe de recul, tandis que les tons chauds projettent vers l’avant-plan.

L’exemple parfait de cette technique se trouve dans Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus de Léonard de Vinci. Dans cette œuvre, les tons chauds et froids sont utilisés pour différencier les plans et apporter une sensation de profondeur.

Un autre exemple d’application se retrouve dans le jeu subtil entre ombres et lumières, où une lumière chaude projette une ombre froide, et vice versa.


Pour mieux comprendre ce que le concept de chaleur des couleurs peut représenter en pratique, voici quelques exemples d’œuvres jouant sur l’intérêt apporté par ce fameux contraste relatif chaud/froid. Cet effet a été théorisé au début du 19e siècle par le chimiste français Chevreul qui le nomme « le contraste simultané des couleurs ».

Vitrail dit la Belle Verrière, cathédrale de Chartres, (12e siècle)
Terrasse du café le soir, Vincent Van Gogh (1888)
Contraste jaune/vert, TaNguyen (2015)
Le Parlement, coucher de soleil, Claude Monet (1904)

Travail avec les doubles primaires

En abordant le concept des doubles primaires, également appelées « primaires divisées », le choix de travailler avec un couple de chaque couleur de base – deux rouges, deux jaunes, et deux bleus – devient essentiel. En observant ces couleurs côte à côte, on peut aisément discerner, pour la plupart des personnes, des nuances de température.
Par exemple, les jaunes citron, jaune Hansa et cadmium sont souvent perçus comme plus froids que le jaune de Naples, le jaune indien et l’ocre jaune. Cette différence s’explique par des reflets verdâtres dans les premiers jaunes, suggérant la présence de pigments verts, tandis que les jaunes plus chauds tirent légèrement vers l’orange, suggérant la présence de pigments rouges. Un schéma similaire s’applique aux rouges et aux bleus, où des nuances froides et chaudes se distinguent.


Caractéristiques subjectives du concept

La question demeure : comment percevons-nous ces contrastes ? La distinction entre couleurs chaudes et froides est-elle toujours évidente pour vous, ou est-ce un défi ? Partagez vos réflexions dans les commentaires.
Personnellement, la distinction entre certaines teintes de bleu et de vert suscite souvent des discussions animées. Le « bleu canard » ? Pour moi, c’est du vert ! Ces nuances subtiles donnent naissance à des débats passionnants et à des perspectives uniques.


Sue le thème de la température des couleurs, je vous invite à consulter le Carnet d’Atelier numéro 26 ou encore cette vidéo:

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